Just another life + ft. William

Les fins de journées étaient les moments qu’Amara préférait. Rentrer chez elle -du moins dans cette maison qui était à présent la sienne- et retrouver Liam avait de quoi la détendre grandement de sa journée. Avec le rassemblement très prochain des différentes communautés, la brune avant l’impression de crouler sous les préparations et l’optimisation du déplacement jusqu’à l’US Army. N’importe quel itinéraire était dangereux, le tout était de choisir le moins risqué. Et ils n’en étaient pas encore arrivés là. Pour l’instant, toutes les possibilités étaient en train d’être étudiées, et ils en avaient encore sans doute pour un moment. Cette pause nocturne était donc sans aucun doute la bienvenue.

La Chasseuse d’Ombres ressentie une sorte de soulagement en franchissant le seuil de sa maison. La lumière était déjà allumée, ce qui voulait dire que quelqu’un était là. Et ça l’arrangeait bien. Elle n’avait pas vraiment envie de passer sa soirée seule. Et un sourire était rapidement apparu sur ses lèvres en voyant la tête de Liam surgir d’une autre pièce. Il n’était visiblement pas de garde cette nuit, du moins pas pour l’instant. Et elle avait besoin de passer un peu de temps avec lui.

“Salut beau gosse. Tu m’attendais?”

Peu importe sa réponse, Amara était déjà partie se réfugier dans ses bras. Elle n’avait même pas pris le temps de retirer sa veste, ou même ses chaussures. Elle avait juste besoin de ça. Et de passer une bonne soirée. Sans doute une bonne nuit aussi. Tout ce qu’elle voulait, c’était un peu de calme.

“Ça a été ta journée?”

Elle espérait que oui, qu’au moins l’un d’eux n’ait pas eu à se prendre trop la tête. Et si d’autres problèmes pouvaient ne pas apparaître dans l’immédiat, c’était une chose qui l’arrangeait aussi. Ce rassemblement était déjà une assez bonne source de stress. Une fois que tout cela serait passé, elle pourrait sans doute gérer les autres problèmes.

Tout le monde avait déjà pensé, réfléchi, à quoi la fin du monde pourrait ressembler. Amara elle-même y avait pensé avant que cela ne se produise, et… Elle avait été bien clémente. Pour elle, avant tout ça, la fin du monde ressemblait simplement à une invasion de démons sur terre. Une faille menant directement aux Enfers ouverte, ce genre de choses. Jamais elle n’aurait pensé à une épidémie qui les forcerait à se cloîtrer et à vivre constamment dans la crainte. Et pourtant, c’était bien ce qui s’était produit. La voilà à présent à la tête d’un groupe de survivants, devant actuellement gérer une rencontre avec d’autres groupes de survivants. Bon, au moins ils n’étaient pas tous morts, c’était déjà ça. Mais elle pensait toujours à cette possibilité, comme la majorité d’entre eux. Elle se demandait surtout pendant combien de temps encore ils allaient parvenir à survivre. Et elle faisait tout pour que cela dure le plus longtemps possible. Est-ce qu’elle s’y prenait bien? Honnêtement, elle ne saurait dire. Elle voulait bien faire en tout cas, mais les obstacles étaient toujours extrêmement nombreux.

Heureusement, la brune avait l’occasion de se détacher de ses responsabilités quand elle rentrait chez elle le soir. Encore plus quand son fiancé était présent, ce qui était le cas aujourd’hui. C’était sans même réfléchir qu’elle s’était directement dirigée vers ses bras. Elle avait juste besoin de cette proximité, de sentir qu’il était là. De l’étreinte rassurante de ses bras autour d’elle. C’était souvent qu’elle se demandait où ils en seraient aujourd’hui s’il n’y avait pas eu d’épidémie. Ils seraient sans doute repartis vivre à Rio, mariés. Sa mère serait sans doute encore en vie. Et après? C’était la grande question. Cet avenir, ils ne le connaîtraient sans doute jamais. Mais ce n’était pas pour autant qu’Amara baisserait les bras. Même si ce n’était pas l’avenir qu’elle s’était imaginée, le plus important était sans aucun doute qu’elle le partage avec les personnes qu’elle aimait.

“Va savoir, il y a tout un tas de belles femmes encore en vie, tu sais?”

Plus énormément, certes. Mais elle le taquinait, surtout. Parce qu’Amara savait très bien ce que Will ressentait pour elle. Après toutes les épreuves qu’ils avaient pu traverser tous les deux, s’ils étaient encore ensemble aujourd’hui, ce n’était pas pour rien. Et cette relation était clairement sa lumière au milieu de tout ce bordel.

“Ouais… On est encore sur les préparations du déplacement, et les lieux à éviter dans cette ville sont beaucoup trop nombreux.”

New York avait toujours été une ville à bordel, mais avec l’épidémie, c’était encore pire. Les contaminés étaient à la fois fortement regroupés, mais aussi éparpillés aux quatre coins de la ville. Trouver un chemin sûr, là était le plus compliqué, au final.

“Je veux bien! Ça sent très bon déjà.”

Et Amara mourrait de faim. Elle ne s’en était pas rendue compte avant de sentir l’odeur de la nourriture, mais maintenant, son ventre gargouillait comme si elle n’avait pas mangé depuis dix jours. Elle enlevait alors sa veste avant d’attraper une cuillère dans l’optique de piquer directement dans la casserole.

S’il y avait bien une décision qu’elle ne regrettait pas d’avoir prise, c’était d’avoir laissé William entrer dans sa vie. Et pourtant, on pouvait le dire, Amara avait eu un peu de mal au début à lui laisser sa place. Enfin, c’était le cas de la plupart des personnes qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer, après tout. On ne pouvait pas dire qu’elle était la plus à plaindre sur cette planète, mais il était clair qu’elle n’avait tout de même pas eu la vie bien facile. Tout avait basculé quand son père avait été tué, et à peine s’était-elle reconstruite et habituée à une nouvelle vie qui lui plaisait bien que l’épidémie avait débarqué. Et elle était actuellement toujours dans cette phase compliquée d’adaptation. Alors autant dire qu’elle était bien contente d’avoir son fiancé à ses côtés pour ne pas totalement péter un plomb. Il avait toujours réussi à la temporiser, et si elle l’avait perdu lui aussi… Non, elle ne préférait clairement pas penser à cette possibilité.

“Ne crois pas que ça va te donner le droit à un quelconque privilège. Enfin, mis à part celui de vivre dans cette maison avec moi, bien sûr.”

Ce qui n’était pas forcément un privilège si on lui demandait son avis, mais bon. La brune savait qu’il n’était pas toujours facile de vivre avec elle, mais William semblait s’y être fait. Il faut dire qu’il avait eu l’occasion de la voir sous ses pires jours, et qu’il était toujours là. Il avait toujours les bons mots pour l’empêcher de totalement sombrer ou de se perdre à s’en oublier elle-même. Sans lui, elle n’en serait sans doute pas là aujourd’hui.

“T’as sans doute raison. Mais vu comment le monde a tourné je peux pas m’empêcher de me demander si on va pouvoir tenir éternellement comme ça.”

Qui aurait cru qu’ils se retrouveraient un jour à devoir affronter une épidémie de ce genre, après tout? Alors certes, ils avaient grandis avec des armes dans les mains pour chasser des démons, mais c’était tout de même différent. Les démons, ils arrivaient à gérer, ils l’avaient toujours fait. Là c’était complètement différent. Ils étaient plongés dans l’inconnu, et ils avançaient un peu à l’aveuglette. Pour l’instant ça fonctionnait, et c’était déjà bien. Mais il fallait tout de même penser au pire, malheureusement.

“A qui tu as demandé des conseils?”

Sans doute à sa sœur, enfin elle le pensait en tout cas. Ou peut-être à quelqu’un d’autre. Ils étaient nombreux, après tout, dans cette communauté. Amara avait l’occasion de la constater, vu qu’elle parlait avec pas mal de personnes.