We are all made here

Dissimulée entre les étagères de ce qui devait auparavant être une salle d’archive, devenue bibliothèque aujourd’hui, Katherine appliquait avec soins différents produits sur ses ongles. Assise par terre, différentes fioles l’entouraient, le tout posé avec précaution sur un vieux chiffon. Un chiffon qui, à l’origine, devait servir à tout autre chose, mais que l’adolescente avait trouvé parfait pour protéger ses affaires de la saleté du sol. Une tâche qui lui demandait patience et soin, et à laquelle elle s’apprêtait à y poser la touche finale. Une dernière petite correction et, peut-être, qu’après elle se consacrerait à ce qu’on attendait réellement d’elle. D’ailleurs, Katherine releva un instant le regard pour observer la pièce où elle avait à faire. Un soupir lui échappa, synonyme de sa démotivation. Et puis c’était injuste. Pourquoi était-ce à elle de devoir nettoyer cette place, alors qu’en aucun cas, elle ne se sentait coupable de quoi que ce soit ? Une corvée de plus, soi-disant pour un comportement déplacé. D’accord, sa réaction n’avait peut-être pas été appropriée, mais c’était de Katherine qu’on parlait.

Elle était tellement concentrée à ne pas nettoyer les lieux, qu’elle n’avait pas entendu la porte s’ouvrir, ni les pas de l’homme qui l’avait rejoint. En fait, elle ne découvrit sa présence que lorsqu’il se manifesta verbalement, mais sans tirer aucun sursaut de sa part. C’était l’un des premiers exercices qu’elle avait maîtrisé, de rester stoïque à tout instant. Une maîtrise qui aurait pu ravir ses maîtres de l’époque, mais qui en avait finalement fait râler plus d’un. Car si l’adolescente avait appris à être si calme, ce n’était aucunement pour sa formation de Chasseur d’Ombre. Ça, elle l’avait relégué au second plan pendant très longtemps, jusqu’à finalement rencontrer la Sœur de Fer devenue sa mentor en ses lieux.

— De toute façon ils vont reprendre la poussière dès demain, alors ça ne sert à rien de le faire.

Katherine n’avait pas quitté un instant sa main de son regard, satisfaite de son travail.  L’adolescente n’était pas vraiment du genre à bondir sur ses pieds pour faire semblant de faire. Elle assumait parfaitement de ne pas obtempérer comme certains le voulaient et de plutôt agir à sa guise.

Son regard se porta finalement sur Negan, quand il la questionna sur l’origine de ses produits. Des origines diverses et variées, alors qu’elle avait pu en prendre certains avec elle il y a quelques mois, mais aussi d’autres venant d’exploration qu’elle avait pu faire. Les rangeant dans son sac, tout en faisant attention de ne pas abimer ce qu’elle venait de faire, elle avait haussé les épaules.

— Ce n’est pas toi qu’elle écharpera, mais plutôt moi. Et de toute façon, ce que ma sœur ignore ne peut pas lui faire de tort.

Katherine s’était remise sur ses pieds, posant son sac sur une table qu’elle avait délaissée plus tôt. Là non plus elle ne fit pas mine de se mettre au travail, cherchant plutôt à voir quelle serait la réaction de l’une des têtes de ces lieux.

— Ce qui est pratique en temps de guerre, c’est que personne ne pense à piller les rayons bien-être des grandes surfaces. Je n’ai eu qu’à me servir lors de ma dernière escapade.

L’adolescente ne sortait pas souvent, car elle n’avait pas forcément l’expérience des plus aguerris. Résultat de son propre manque d’investissement dans sa formation, mais Katherine ne s’en plaignait pas, bien au contraire. Elle aimait bien continuer de vivre à sa sauce, sans avoir à trop se mouiller. Que les plus aventureux aillent se risquer dehors, la jeune se contentait parfaitement de ce qui était rapporté et de ce qu’elle pouvait dénicher ici et là.

— Tu as besoin de quelque chose ici ?

Question bête, mais la Vane devait avouer qu’elle était surprise de le voir ici. Certes, c’était une bibliothèque, pratique pour s’instruire, mais elle la voyait plus souvent vide que pleine. Alors bon, elle avait bien le droit de se le demander.