(zélie) What happened here ?

- Zélie, attends !

Tu lui coures après parce que tu n'as aucune envie de la laisser partir. Tu sais que vous n'avez pas toujours été d'accord sur tout, mais là, tu ne comprends pas. Pour toi, c'est un peu extrême. Qu'est-ce qui lui est arrivé au juste pour prendre cette décision si subitement ? S'en aller des Underground Children c'est tout de même quelque chose dans ce monde en perdition et tu n'as aucune envie de voir ta soeur prendre un sens interdit ou un quelconque risque en plus. D'autant plus que vous êtes des soldats, vous êtes là pour obéir et servir, ainsi que protéger la population au sein de votre refuge.

En quelques foulées tu la rattrapes et tu poses ta main sur son bras pour la faire se retourner vers toi. Son visage est rougi, mais pour la première fois de ta vie tu ne saurais pas dire si c'est par le froid qui te glace le sang, ou si c'est là la trace de larmes qu'elle a vite séchées. Tu as mal au coeur de la voir dans cet état, quelle qu'en soit la raison, et tu aimerais comprendre. Alors, tu lui lèves le visage par le menton quand tu réalises qu'elle fuit ton regard pour la forcer à croiser tes yeux.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu sais que tu peux me le dire, n'est-ce pas ?

Rien à voir avec vos autres frères qui ne peuvent que peu ou pas te dire tant votre relation est hachée, gâchée par la présence et par les critères de réussite de vos parents. Elle est celle de ta famille qui compte le plus, et de plus loin et bien qu'elle le sache, tu aimerais simplement qu'elle soit certaine de toujours pouvoir se confier à toi.

- Lâche-moi, Liam !

Zélie sortit du repère des Underworld’s child. Elle était en colère, et pas vraiment contre son frère, mais elle en avait assez et elle ne savait comment réagir. Le monde était parti en fumée, rien n’allait plus qu’avant et elle-même ne tournait plus très rond. Elle, Zélie. Elle qui avait toujours été la fille parfaite, elle que tout le monde avait toujours pu regarder sans pouvoir lui faire le moindre reproche mais qui désormais avait commit une faute qui n’était pas réparable aux yeux de certains. Elle ne savait même pas comment elle pourrait en parler à son petit frère sans le dégouter d’elle à tout jamais. Alexander était un foutu vampire, de ceux qui étaient normalement les ennemis des Néphilims. Alors comment ? Pourquoi ? Elle était donc stupide. Voila, elle avait perdu l’esprit. La blonde ne pouvait se sortir ce vampire de la tête, et la vérité, c’était qu’elle en était éprise et qu’elle ignorait comment tout cela était né.

- Je ne peux pas t’en parler. Tu ne peux pas comprendre quelque chose que je ne comprends pas moi-même, et tu me détesteras si je te dis ce que j’ai à l’esprit. Je ne fais que prendre quelques heures Liam, je ne pars pas à tout jamais. S’il-te-plaît, laisses moi.

La blonde secoua la tête et s’arrêta finalement. Elle passa ses mains sur son visage.

- Ecoutes… Tu sais que je tiens à toi Liam… Et je veux pas que tu me déteste… Parce que ce serait trop dur pour moi d’accepter que tu me déteste…

La blonde s’approcha de son frère. Et baissa les yeux vers le sol. Elle ne pouvait pas lui apprendre ça et perdre sa seule famille encore en vie.

- Mais… Ca… Impossible que tu le prennes bien… J'ai... Il y a quelqu'un, dans ma vie... Et je l'aime beaucoup mais... C'est pas possible, et je veux pas en parler.

- Non ! Je ne te lâcherai pas. Dis moi ce qu'il y a, je t'en prie.

Tu la regardes sans comprendre. Zélie n'a jamais été comme ça avec toi. C'est peut-être la seule de la famille en qui tu as pleinement confiance et celles que tu estimes avoir le plus d'humanité. Adieu les préceptes familiaux et cette pseudo compétition qui vous pousse à vous battre les uns avec les autres. Zélie est la seule qui comprenne réellement ton dégoût pour les premiers. Elle ne te juge pas et tu ne la juges pas. Pourtant, il semblerait que c'est ce qu'elle craigne. A vouloir partir à tout prix, à vouloir s'éloigner. Tu te doutes bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas et tu veux savoir. Car ce n'est pas d'elle de partir de la sorte, sans un mot, sans rien.

Mais elle se ferme à toi encore et toujours et ça te met l'âme à l'envers de la voir s'éloigner de la sorte. Pourquoi ? Mais tu n'as pas le choix que de la laisser faire, la laisser parler.

- Quand est-ce que j'ai jugé un choix que je ne comprenais pas ? Je ne suis pas papa, je ne suis pas maman, et je suis encore plus loin encore d'être comme les trois autres. Tu le sais un minimum, quand même...

Même qu'elle ne parte pas définitivement, tu ne peux pas t'empêcher de mal le vivre. Parce que tu la soutiens. Tu la soutiens toujours. Comme d'habitude. Mais elle a l'air de le refuser et ça t'achève.

- Je ne te détesterai jamais. Quoi que tu fasses, quoi que tu dises. Zélie... tu es la seule en qui j'ai pleinement confiance, la seule qui n'essaie pas d'écraser les autres... Si elle n'avait pas été ta soeur et s'il n'y avait jamais eu Amara dans ta vie, de très loin, Zélie était ton âme soeur, ton tout. Sans la partie romance, bien évidemment.

Tu passes sa main sous son menton pour qu'elle te regarde.

- Zélie... Qui que tu aimes, je serai toujours là et tu peux m'en parler, d'accord ? Mais pour le coup, je ne te lâche pas, désolé. On est en pleine épidémie et tu ne vas clairement pas bien.

Liam n'avait peut-être pas encore jugé un choix qu'il ne connaissait pas. Pas encore, Zélie savait qu'il était différent de certains chasseurs d'ombres qu'elle avait pu connaitre, mais cette fois, et ce malgré tous les efforts du monde, elle n'était pas sûre qu'il soit capable de comprendre et d'être d'accord avec ce qu'elle ressentait. La blonde évitait à tout prix le regard de son petit frère. Une boule s'était formée dans sa gorge et la blonde avait l'impression qu'elle l'entravait et qu'elle n'était là que pour la faire souffrir. Mais elle ne pensait pas qu'elle puisse se sentir mieux après avoir avoué la vérité. Être épris de quelqu'un ne devrait pas mettre qui que ce soit dans un état tel que le sien. En un sens elle comprenait mieux pourquoi Juliet avait toujours eu peur que sa famille apprenne qu'elle était éprise de Roméo, parce qu'elle avaitl'impression de ressentir quelque chose de très similaire.

- Je sais que tu n'es pas eux. Je le sais crois moi. Mais... Cette fois c'est bien différent de toutes les bêtises que tu aies jamais pu entendre de ta vie. Et si tu ne vas pas me détester, je sais que ça ne va pas te plaire. Pas du tout même. Et crois moi j'ai fais de mon mieux pour faire les choses autrement, j'ai fait de mon mieux et ça n'a pas marché...

Elle inspira après avoir parlé, et avala sa salive comme si faire de telles phrases avaient été un effort tellement grand qu'elle devait reprendre son souffle. Elle n'avait pu en revanche retenir la brisure dans sa voix, et elle laissa échapper une larme qu'elle essuya presqu'immédiatement. Elle se sentait atrocement mal et remercia un instant les choses d'avoir fait que ce soit Liam avec elle et no quelqu'un d'autre.

Lorsqu'il passa ses doigts sous son menton, Zélie croisa finalement le regard de son cadet. Elle hésita, une part d'elle ayant envie de le prendre dans ses bras, de ne pas dire un mot et de juste... Se laisser aller. Mais maintenant qu'elle avait lâché qu'il y avait quelque chose elle ne pouvait pas s'arrêter et laisser dans le doute son petit frère. Il avait toujours été là pour elle et inversement. Et si elle était toujours au milieu pour recoller les morceaux dans la fratrie, elle savait qu'elle ne pouvait pas nier sa proximité avec lui. Même là, il ne la lâchait pas. Elle ouvrit la bouche et la referma un instant, cherchant ses mots. Elle secoue la tête doucement et humidifia ses lèvres en battant des cils pour chasser les larmes de ses yeux humides.

- J'aime un... Vampire... , lâcha-t-elle seulement, baissant les yeux sur ses doigts qui se refermèrent sur son poignet.

C'est difficile pour toi de voir Zélie comme ça, refuser de s'ouvrir à toi. Vous avez une relation bien plus profonde que ça et vous vous dites tout ou presque, d'ordinaire. Là, tu as bien remarqué que quelque chose n'allait pas et c'est patiemment que tu lui fais comprendre que tu restes là, même si ton ton est un peu soumis à l'alerte qu'elle te fait subir : tu es inquiet, il n'y a aucun doute.

Les paroles de ta soeur te font du mal. Parce que tu ne comprends pas ce qui peut la pousser à penser ainsi. Pourquoi ? Qui ? Quoi ? Comment ? tu n'as aucun doute que Zélie n'a rien fait qui soit réellement répréhensible. Tu la connais ta soeur. Elle est droite et réfléchit avec sa tête et son coeur à juste mesure. Aussi tu n'hésites pas à la reprendre.

- Non, ne dis pas ça. Je suis sûre que tu te trompes. Je te connais assez pour savoir qu'il n'y a rien en ce monde que tu puisses faire qui m'éloigne de toi. Tu ne veux pas le concevoir autrement. Zélie c'est une bouée de sauvetage dans l'océan déchaîné qu'est ta famille.

Maintenant que tu la pousses à te regarder, tu vois encore plus la détresse dans son regard. Ça ne te rassure pas du tout. Elle est démunie et, quelque part, ça t'achève un peu. Tu aimerais l'aider, la rassurer, mais il semblerait que rien n'y fasse... tu ne sais pas quoi faire alors tu attends.

Tu attends, mais tu ne t'attends pas à son aveu. Tu lâches son menton, un peu sonné. Mais, en même temps... ET ALORS ? Et tu le montres sur ton visage.

- Je... D'accord. Je persiste. Même si je ne m'y attendais pas, tu es libre d'aimer qui tu veux, Zé. Quant aux autres, s'ils ne sont pas satisfaits, tant pis pour eux.