Not afraid by this world {Amara}

L’angoisse ambiante se sentait, alors que Katherine parcourait ce qu’il restait d’un symbole d’une époque passée. Non pas une angoisse qui émanait de l’adolescente, mais transposant ce que de nombreuses personnes ressentaient désormais dès que les plus courageux osaient mettez un pied dehors. Le Marché Obscure était un endroit rempli de vie, où nul n’avait besoin de cacher sa nature, bien que ce soit un endroit où elle ne s’était encore jamais rendue. Du moins, pas avant que cette apocalypse ne débute, tandis qu’elle jouissait d’une petite vie d’apprentie ne faisant que ce qu’elle souhaitait. Pratique n’est-ce pas ? Et pourtant la voilà, alors que ce marché avait perdu de sa superbe, mis à mal par ce virus que tous redoutaient, la Vane déambulait dans ce qu’il en restait, espérant pouvoir mettre la main sur quoi que ce soit d’utile.

En général, ce n’était pas vraiment elle qui s’occupait de ça, laissant d’autres vagabonds venir troquer leurs trouvailles au Goldman Sachs et n’hésitant pas à aller fureter là-dedans. Ou alors elle n’allait jamais bien loin, se contentant d’anciens magasins, avec l’espoir de trouver quelques petites babioles pouvant améliorer son quotidien. On ne pouvait pas dire que prendre des risques était une routine pour Katherine. Elle préférait bien mieux qu'on la laisse en paix ou alors ses sessions d'apprentissage avec sa mentor. Il n'y avait pas à dire, sur ce point, la jeune avait plutôt bien changé. Elle qui rechignait habituellement pour tout ce qui était leçons et études, elle était bien plus volontaire depuis que la Sœur de Fer l'avait prise sous son aile. Avait-elle muri ? Peut-être, qui sait. Ce qui était sûr, c'est que l'adolescente n'était pas près de le reconnaître, bien qu'elle ne pût nier la chance qu'elle estimait avoir. Après tout, elle n'avait pas vraiment anticipé ce qui pourrait bien l'attendre quand elle avait quitté la communauté que sa sœur gérait. Elle était partie, et avait géré au jour le jour.

Mais aujourd’hui, Katherine était allée plus loin qu’à son habitude. Avec l’accord de ses aînés, la jeune avait pu quitter la sécurité de la banque pour une expédition un peu plus longue que prévu. Après un rapide détour dans ce qu’il restait d’un supermarché, espérant pouvoir refaire son stock de produit de beauté (ce qu’elle avait pu, en partit faire), Kath’ avait alors pris la direction du marché obscure. Là aussi, elle espérait pouvoir trouver quoi que ce soit d’utile, bien que ce « utile » ne soit pas de la même définition que ce qu’il y avait déjà dans son sac.

Alors qu’on lui avait toujours présenté cet endroit comme un lieu vivant, l’adolescente découvrait désormais les décombres d’un temps qui semblait si lointain et qui pourtant était relativement récent. C’était comme tout désormais, de toute façon, et aucune trace de tristesse ne semblait prendre place chez la Vane. On pourrait presque dire qu’elle s’en contrefichait, bien que ce n’était pas totalement ça. Au fond, elle restait marquée de voir comment tout avait bousculé, mais elle ne voulait pas que cela se sache. Comme toujours, elle gardait une attitude détachée et presque puérile, ne laissant tomber ce masque que très rarement. C’était sa carapace à elle, et pourtant, son indifférence se marqua d’une surprise quand elle vit qu’elle n’était pas seule en ces lieux.

— Amara ?

Elle croirait presque avoir la berlue, mais c’était bien sa sœur qui semblait être présente. Ou alors c’était une illusion, ce qu’elle n’espérait pas vraiment. Une situation assez ironique d’ailleurs, de retrouver son aînée, alors que c’était entre autres son autorité qu’elle avait fuie en quittant sa communauté. Elle avait ensuite eu la joie – cachée – de la retrouvée lors de cette rencontre des différentes communautés chez les militaires, mais depuis, plus rien. Alors malgré tout, un petit sourire était apparu chez Katherine, qui restait contente de voir qu’elle semblait aller bien.

— Qu’est-ce que tu fais ici ? Les autres sont là ?

On ne pouvait pas vraiment dire que Katherine était des plus à l’aise. Entre l’ambiance étrange des lieux et la surprise de retrouver sa demi-sœur, l’adolescente ne savait guère comment réagir. Cela n’avait pas vraiment été dans ses pensées de pouvoir croiser qui que ce soit, et encore moins Amara. Pourtant, elle l’avait bel et bien interpellée, signalant sa présence à celle qui avait toujours été parfaite. C’était étrange pour elle de la croiser. Ce n’était pas la première fois que Kath’ la revoyait depuis son excès de colère, mais il est vrai que la métisse ne savait pas comment aborder cette situation. Avec les militaires, cela avait été différent. Ils devaient gérer une situation de crise complexifiant leurs retrouvailles. Mais là, à part le danger quasi omniprésent à l’extérieur, rien ne pouvait réellement intervenir.

En entant que d’autres étaient aussi là, l’adolescente ressentit cette douce sensation qu’offrait des paroles rassurantes. Elle savait qu’Amara était apte à se défendre, les relations entre elles avaient beau être compliquées, Katherine n’en oubliait pas moins la Shadowhunter qu’était son aînée. Celle sur qui il fallait soi-disant prendre exemple, alors que ce n’était nullement ce qu’elle avait fait. Mais là, c’était un ennemi invisible que tous affrontaient et être seul n’était pas toujours recommandable. Douce ironie, alors que la plus jeune l’était. Mais Katherine n’avait jamais été un exemple, mais même encore aujourd’hui, elle gardait certains travers. Et puis ce qui la soulageait aussi, s’était de se douter que dans ce groupe qui accompagnait Amara, il devait y avoir celui avec qui elle partageait sa vie. Kath’ aimait bien William mais sans avoir réellement pu prendre le temps de le connaître plus. Qui sait, peut-être que cela finirait par se faire, mais en attendant, d’autant plus qu’il était son futur beau-frère, elle se contentait de se rassurer en voyant qu’il restait aux côtés de son aîné. Encore une fois, elle au moins, elle n’était pas seule, même si l’adolescente ressentait de moins en moins cette impression de solitude qui la hantait constamment par le passé.

— Je ne sais pas si on va trouver grand-chose au final. S’il n’y avait pas cette épidémie, on pourrait croire qu’une armée de démon avait dévasté les lieux.

On pouvait entendre la pointe d’humour dans sa voix, alors que la plus jeune constatait les dégâts que causait leur revirement mondial. Et dire que cet endroit était un symbole de cohésion et de cohabitation auparavant. Au moins, cette touche d’humour l’aidait à ne pas se laisser envahir par le doute. Elle était partagée entre les réactions à avoir, et détourner son attention lui évitait d’avoir à faire un choix. Après tout, c’était elle qui était partie, d’une pleine volonté, alors elle ne pouvait que s’en prendre à elle d’avoir, une nouvelle fois, merdé dans sa relation avec Amara.

Mais la question de sa sœur la ramena à ses interrogations et elle ne put s’empêcher de laisser temporairement tomber son masque pour doucement sourire. Katherine ne s’était pas attendue à cette question si banale. Elle ne savait pas vraiment à quoi elle s’attendait en réalité, mais à tout sauf à ça.

— Ça va, ça craint moins que ce que je pensais dehors.

Elle retrouvait son habituel détachement, mais ses propos étaient justes. Lorsqu’elle avait quitté le groupe de sa sœur, Kath’ n’avait pas vraiment pensé aux conséquences. Par la suite, elle n’avait pas voulu revenir, plus par fierté que pour autre chose. Revenir, ça aurait été avouer son propre échec et c’était inimaginable pour l’adolescente qui voulait prouver au monde entier qu’elle n’avait pas besoin que l’on veille sur elle. Finalement, elle s’était quand même trouvé des anges gardiens, mais c’était si différent à ce qu’elle pouvait penser. Il y avait bien la Sœur de Fer qui était celle qui montrait le plus de sévérité à son égard, mais elle y était étrangement réceptive. Contrairement aux autres qui pouvaient essayer de faire leur loi sur la Vane, là elle se montrait bien plus virulente.

— Je crois que j’ai réussi à me trouver une place. Et toi, ça va ? Pas trop compliqué de gérer ton groupe ?

Katherine n’osait pas l’avouer, mais elle devait reconnaître que certains des Underwolrd’s Child lui manquaient. En dehors de ses sautes d’humeur, il y avait aussi du bien de vivre en groupe et il lui arrivait de ressentir de la mélancolie en y repensant. Une vraie gamine cette Katherine, mais c’était ce qui faisait son charme au final.